Je suis partie avec ma mère en voiture depuis Marseille jusqu'à Droyes, petit village du Nord Est de la France, dans la campagne haute-marnaise, là où se trouve notre ancienne maison de famille. Ma mère conduisait et moi, je filmais. Sans la caméra, ce voyage eu été impossible. 

C’est à bord de cette caméra-véhicule, filmant des routes et des maisons que nous avons atteint la zone, la maison de l'incendie où mon oncle est mort asphyxié par la route de l'accident où mon père s'est tué. L'une nous conduisant tragiquement à l'autre. 

Lorsque nous sommes arrivées dans le village, nous avons repéré la maison avec la cime du grand séquoia. Nous avons garé la voiture et nous nous sommes approchées de la propriété à travers champs. Alors que nous étions prises dans une terre marécageuse, nous fûmes saisies par l’apparition d’une biche. Cette rencontre furtive et imprévisible marque le passage dans une autre temporalité : le temps de la synchronicité. En ramenant ma mère au pays de son père, je comprends que c’est le mien que je pourchassais. Et de cette terre que je croyais brûlée va émerger les récits qui me manquaient.