Les bras tenant la matrice-caméra, le ventre tenant le regard, le souffle conduisant le mouvement. En filmant, je cherchais à retrouver les bords de mon propre corps semblant se dissoudre chimiquement dans mon environnement. Peut-être cet état de corps relève-t-il d’une rémanence primitive, quand pour soi les bords de son propre corps étaient les bords de son corps à elle, la mère. Cette perception déformée du rapport à soi et au dehors met en tension le monde hors de soi - avec là d’où je le perçois, là, dedans ce corps de soi. Peut-être parce que ce corps là est encore perceptif d’éléments particulaires de son corps à elle, qui ondule à la surface du moi-peau.
N’être jamais tout à fait dedans, ni dehors, l’issu est au bord de soi, là où les mondes et les espaces sont contigus, là où les mondes tout autre peuvent résonner à travers soi et permettre de ne pas rester enfermée, à l’intérieur. Mais vivre et percevoir le monde à partir de cet état de corps, c’est avoir à jouer avec les gorgones et les monstres-monde-intérieurs qui hante les recoins de l’être. C’est accepter le rapport hallucinatoire que je projette sur le monde qui fait face, comme l’autre et sa face. Dans cette galerie de miroirs équivoques, Artaud me souffle l’idée d’un athlétisme affectif. Supporter de cohabiter avec le vide, faire tout de ce trou béant et trans-former les monstres-mondes en monde habitable.
Sélectionné au 31è Festival Les Instants Vidéo numériques et poétiques
Mardi 20 novembre 2018, Vidéodrome 2 , Marseille.
Sélectionné au 25è Festival International d'Art Vidéo de Casablanca
25 avril 2019, Université Mohammed VI des Sciences de la Santé, Casablanca, Maroc.
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